Le voile et la citoyenne

C’était une journée blizzardesque d’un hiver magistral récent – je sais ce n’est pas très précis, disons qu’il s’agit de 3-4 hivers passés -, j’étais arrêtée à un coin de rue avec mon balaklava obligatoire – sans ça tu mourais drette-là – et la femme devant moi se retourne. C’est une musulmane portant le voile – le niqab. On se regarde. Je vois qu’elle se détend en me voyant. Je me demande combien de fois dans la journée elle relaxe comme ça. Je lui souris. Je me demande si mes yeux sourient lorsque je souris. Je suis amusée de voir que mon balaklava est plus total que le sien. Je note que son voile n’est pas fait pour la protéger d’un hiver canadien.

Aujourd’hui, une journée exceptionnelle de septembre, alors que je suis assise presque au même coin de rue, je pense à elle. J’ai la face tournée vers la douceur du vent et du soleil, avec un sourire béat et une robe d’été.

Et je pense à elle. Que fait-elle ?

Pour quelle raison absurde doit-elle se cacher la face par une telle journée ? Je sais, y’a culte, coutume, religion, contrainte. Et je leur donne tout le respect que nous leur devons.

Mais pourquoi se cacher la face à moins qu’il y ait une tempête ?

On me demande – je me demande ! – quelle est mon opinion au sujet du « voile et la citoyenne canadienne », et je n’ai pas d’opinion parce que je suis fixée sur cette question. Je ne peux pas dépasser cette question. Et ce n’est pas un point politique, légal ou religieux. Il semble qu’au lieu d’une opinion, j’ai un sentiment.

4 Commentaires

  1. Noella Richard

    J’ai lu récemment un texte d’une intello musulmane de la Suisse qui disait que le niquab a été inventé pour protéger les femmes des tempêtes de sable, un peu comme ton balaclava te protégeait du blizzard. Autre que ça, je n’y vois aucune utilité.

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