Les faits et les langues officielles

Ceci est une traduction de la version longue d’une chronique publiée dans le New Brunswick Telegraph Journal le 9 juin 2023.

Les faits sont souvent négligés lorsqu’il est question de langues officielles.

La langue anglaise n’est pas menacée au Nouveau-Brunswick ni ailleurs au Canada. À part les langues autochtones, la langue vulnérable au Canada est le français. Consultez les données.

Les Néo-Brunswickois et les Canadiens sont en faveur du bilinguisme. Encore une fois, examinez les données.

Malgré 50 ans de lois sur les langues officielles, les citoyens francophones n’ont toujours pas l’égalité dans l’exercice de leurs droits linguistiques constitutionnels. En général, cela est dû à la faiblesse des lois et à l’application timide des lois par crainte d’une réaction anti-francophone. (Il s’agit d’une opinion fondée sur des connaissances plutôt qu’un fait, mais actuellement, au Nouveau-Brunswick, la faiblesse des lois linguistiques et leur non-application ne sont pas tant dues à la crainte d’un ressac qu’au fait que le premier ministre est le ressac, le grand maréchal de la parade du ressac).

Un autre fait à garder à l’esprit lorsque l’on discute des lois linguistiques au Canada est que 11 anglophones sur 10 voudront discuter des anglophones du Québec, comme s’ils ne savaient pas que le groupe linguistique minoritaire du Québec est quand même mieux loti que le groupe linguistique minoritaire des huit autres provinces unilingues. Ce qui montre encore une fois le peu de progrès réalisés en faveur d’un bilinguisme respectueux.

En ce moment, les deux niveaux de gouvernement, fédéral et provincial, mettent à jour leurs lois linguistiques.

Le mois dernier, la Chambre des communes a adopté les révisions fédérales par 301 voix contre une, et le Sénat les adoptera probablement ce mois-ci.

La loi linguistique dite révisée du Nouveau-Brunswick – qui aurait dû être adoptée depuis longtemps – n’a pas encore été adoptée en raison de l’allergie de notre premier ministre à tout ce qui relève du bilinguisme. Seul Blaine félicitera Higgs de l’adoption de cette « révision », mais il a l’habitude.

Mais ayez une pensée pour les trois députés conservateurs francophones qui, plus tôt ce printemps, sont allés au bûcher pour leur chef Higgs, effaçant tout doute sur leurs allégeances, et ont dit des choses qu’ils espèrent probablement que les livres d’histoire n’ont pas enregistrées – « nous pensons que retirer cet article de la loi sur les langues officielles est une très bonne chose pour les francophones ». Maintenant, Higgs dit que cet article restera… genre « merci, mais vous aviez pas à en faire votre Calvaire, j’y tenais pas à cet article ». Quel gaspillage de votre maigre capital politique auprès des francophones, messieurs.

Le gouvernement fédéral a fait ce que le Nouveau-Brunswick a choisi de ne pas faire : il a amélioré sa loi linguistique. La nouvelle loi fédérale prévoit des conséquences pour les entités sous réglementation fédérale qui ne respectent pas les droits linguistiques. Elle crée également le droit de travailler et de recevoir des services en français dans les régions à forte présence francophone.

Le gouvernement fédéral et la ministre Ginette Petitpas Taylor devraient réfléchir à ce qui suit avant de lancer les consultations annoncées sur les régions de la province qui seront désignées comme ayant une  » présence francophone  » suffisante.

Il y a longtemps que le Nouveau-Brunswick a choisi de ne pas fonder les droits linguistiques sur le nombre ou sur les régions. Nos droits sont basés sur les citoyens. Nous portons nos droits partout où nous allons au Nouveau-Brunswick. C’est dans la Constitution. C’est pourquoi la Cour suprême a statué que la GRC doit respecter les droits linguistiques partout au Nouveau-Brunswick, et non seulement « là où le nombre le justifie ».

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